La Corniche Angevine :
un site chargé d'histoire

Un périmètre doublement classé

La Corniche Angevine est un secteur géographique en bordure de Loire d'une superficie totale de 2400 hectares. La surface orangée sur la carte ci-contre délimite le périmètre classé au plan national le 11 février 2003. Quatre communes se partagent équitablement cet espace : Chalonnes-sur-Loire, Chaudefonds-sur-Layon, St-Aubin-de-Luigné et Rochefort-sur-Loire. Les étoiles localisent les monuments historiques : Moulins d'Ardenay, Château de la Basse-Guerche et Mairie de St-Aubin.
Plusieurs hameaux de caractère (Ardenay, La Haie-Longue, La Croix-Brouillet, etc.), l'étonnante richesse de la faune et de la flore, l'histoire mouvementée et enfin la beauté naturelle des paysages ont participé à la réussite de ce classement.
L'UNESCO a également apporté son soutien et mis en avant l'intérêt du site en le classant au Patrimoine Mondial le 30 novembre 2000 (avec la vallée de loire depuis Sully).

La partie méridionale est une barre rocheuse, datant de l'époque carbonifère, surplombant la plaine alluviale de la Loire de près de 70 mètres. La route dite "de la Corniche" serpente sur ce relief depuis 1856. C'est une des routes les plus pittoresques de l'Anjou. Au Nord s'étend le lit majeur de la Loire ; c'est une vaste plaine formée d'alluvions (sables et graviers), régulièrement inondée.

Un site touristique ancien

Dans le « Guide du voyageur à vapeur » - 1839/1845 – Jules Forest décrit la Corniche Angevine en ces termes :
Comme paysage, cette haute colline de marbre et de houille offre l’un des sites les plus séduisants de la vallée d’Anjou, car ces richesses naturelles répandues ici sur la colline et dans le vallon, ces panaches verdoyants qui se balancent mollement sur les îles au souffle de la brise, et enfin, le cours majestueux du fleuve que brunissent les grandes ombres de verdure qu’on voit s’y réfléchir, sont, de l’aurore au crépuscule, animés par des usines dont la fumée tourbillonne sur le ciel bleu, par le mouvement agricole de la rive, par une navigation incessante, par la circulation active des blancs chaufourniers et des noirs houilleux, dont le costume nuance diversement le tableau.
Le site attire bien des curieux et des promeneurs, en particulier grâce à sa formidable activité : vignes, charbon, chaux, commerce, transports...

Dans le guide touristique du syndicat d’initiatives de l’Anjou, en 1926, le Chanoine Urseau ajoute :
La route qui conduit de Chalonnes à Rochefort est incontestablement l’une des plus pittoresques de l’Anjou. Le paysage que l’on découvre successivement des hauteurs de Sainte-Barbe, d’Ardenay et de la Haie-Longue est admirable. […] N’est-ce pas là, en effet, la douce France, avec ses horizons mollement ondulés, avec cette vaste ceinture de collines, où rien de heurté n’arrête et ne choque le regard avec ce fleuve aux îles plantureuses, dont les eaux glissent plutôt qu’elles ne roulent sur un lit sablonneux et qui, à certains jours, donnera l’impression mélancolique d’une grève abandonnée par la mer ?

En 1924, le Touring Club de France installe une table d'orientation à la Haie-Longue, en mémoire du premier vol de René Gasnier, pionnier de l'aviation française, qui fit du "rase-motte" à quelques mètres au-dessus de la Grand-Prée (17 sept 1908).
Même si l'endroit est maintenant plus calme, il n'en reste pas moins un lieu de passage presque obligé pour les touristes visitant l'Anjou.

Une ancienne zone industrielle

Difficile d'imaginer que la Corniche Angevine, si paisible et si naturelle de nos jours, a été le siège de la plus importante activité industrielle de Maine-et-Loire. Au XIXème siècle, à leur apogée, les industries minières et chaufournières ont littéralement investi le secteur (cf. les pages consacrées à ces deux industries). La carte ci-contre localise l'emplacement des exploitations minières, toutes époques confondues, ainsi que les fours à chaux à proximité. Les rectangles bleus indiquent l'emplacement des terrils encore visibles actuellement. Tous les autres terrils ont été étalés, ce qui assombrit la terre à de nombreux endroits.
Les sites industriels sont tous alignés selon la direction des couches de charbon et des lentilles de calcaire : 110° par rapport au Nord.

La mine des Malécots symbolise à elle-seule l'histoire de ces exploitations, qui furent réparties en deux grandes concessions : Désert-La Prée et Layon-et-Loire. Exploitée de façon certaine au XIVème siècle, probablement avant, la mine a traversé toutes les époques pour fermer définitivement en février 1964.
Le site est devenu un site mémoire, au bord de la route de la Corniche, depuis 2007. Pour plus d'informations, rendez-vous sur la page qui lui est consacrée.

Un lieu de passage

Difficile de l'éviter ! En effet, grâce aux compagnies minières mais également de par sa situation, la Corniche Angevine a été et est encore parcourue par de nombreux axes de transport. Ils ont énormément participé au développement économique de la Corniche, en charriant le charbon, la chaux mais également le vin vers les grandes villes de l'Ouest. Le secteur fut longtemps parcouru par de nombreux chemins terreux et mal entretenus. La construction de la route de la Corniche au XIXème siècle facilita donc énormément les échanges. Mais ce fut sans commune mesure avec les deux autres moyens de communication évoqués ci-après...

Train
Ci-contre est représenté l'ensemble des infrastructures ferroviaires de la région en 1912. Trois grandes lignes existaient alors. Tout d'abord la seule encore présente aujourd'hui : la ligne Angers-Cholet, construite par l'Etat en 1864. Elle se divise à Chalonnes pour bifurquer en direction de Perray-Jouannet, près de Thouarcé. Cette deuxième ligne, longeant la vallée du layon, était également une voie de l'Etat (gabarit standard). Elle fut ouverte en 1884 et fonctionna jusqu'en 1954. Il faut tordre le coup à une croyance erronée : il ne s'agit pas là de la ligne du Petit Anjou. Cette ligne, ou plutôt ce réseau départemental, géré par le Conseil Général, a certes bel et bien existé. Une branche traversait même la Corniche Angevine, en longeant les voies nationales, mais se dirigeait à partir de Chalonnes vers Beaupréau. Il s'agissait de voies à gabarit réduit. Le tronçon de La Possonnière à Beaupréau fut installé en 1900 et cessa définitivement d'exister en 1947. En empruntant le pont de l'Alleud en train, on peut encore observer l'ancien emplacement de cette voie métrique, qui jouxtait la voie nationale au-dessus de la Loire.
Une dernière ligne, appartenant entièrement aux compagnies minières, reliait le port des Verdeaux sur la Loire à la mine des Malécots. Elle fut construite en 1830, ce qui en fait la première ligne de chemin de fer de l'Ouest et une des toutes premières de France. A la fermeture des grandes exploitations, au début du XXème siècle, elle fut démontée.

Canal de Monsieur
A la demande de la Compagnie des Mines de Charbon de St-Georges-Châtelaison (St-Georges-sur-Layon), et avec le soutien de Monsieur, frère de Louis XVI, le Layon fut aménagé en canal. Les travaux, colossaux pour l'époque, furent étalés sur 4 ans de 1774 à 1778. Il fallut construire une vingtaine d'écluses, rehausser les ponts, aménager les berges... Rapidement gérée par des investisseurs privés, la navigation sur le canal fonctionna sans difficulté et à plein régime. Dans une chronique de l'époque on pouvait lire : des files de barques, longues et étroites, évoluant sur la rivière, elles sont chargées de matière noire et luisante ; les trois ou quatre hommes qui les dirigent paraissent comme autant de nègres. Leurs habits, leurs cordages et leurs voiles étaient couleur d’ébène.
La Révolution arriva avec son lot de violence ; les Guerres de Vendée ravagèrent les aménagements. En 1796, il ne restait presque plus rien du canal, qui connut une histoire bien courte mais ô combien intense.

Iconographie historique


Carte de Cassini de la Corniche - 1771

La Gare de St-Aubin-de-Luigné vers 1900

La Gare de Chaudefonds-sur-Layon vers 1900

Page réalisée à partir :
- des documents d'archive de l'association,
- du dossier de classement de la Corncihe Angevine (DIREN des Pays-de-la-Loire).